Description
Je me souviens des Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie à Paris. Cartographie d’un monde pictural inspiré du jardin d’eau de sa maison de Giverny, et sans personnage, mais où spectatrices et spectateurs sont au milieu d’une frise circulaire, ou plutôt elliptique, principalement espacée par le vide des entrées ouvertes de la rotonde panoramique qui la met en scène. La nature végétale et aquatique, dans la transparence cristalline d’une peinture sans contours marqués par un trait, laisse aux couleurs et à leurs représentations lumineuses, par un contraste clair-obscur, l’impression d’une soie voilée par une brume de vapeur ou de vibrations chromatiques réduites au silence du temps figé dans un présent nostalgique. Claude Monet parlait d’une « onde sans horizon »… Cette œuvre est plus grave ou dure que la douceur du tissu évoqué. Verticalité comme la chute des lignes ondulées et brouillées du pinceau peignant une réalité estompée mais bien réelle : la nature évanescente est la dernière humanité d’un monde sans grande humanité. La nature triste est l’accident de l’Homme. Dans « Paysage 2 », l’atmosphère de la nature est plus chaude (avec le rouge, l’orange et le jaune). Faut-il s’en réjouir ? Et les îlots de volutes ne sont plus que les fantômes de nénuphars disparus. Le vert pâle de brume cache mal un ciel bleu attendu. Les deux arbres sont réduits à deux formes de feuilles identiques. On pourrait les voir comme des peupliers. Mais bien secs alors. Paysage terrestre d’une Terre à l’agonie ? Seule surgit où s’impose une fleur de trèfle, étrange et bigarrée, gigantesque et en croissance exponentielle avec la sensation de vitesse liée à la forme, aux coups de pinceau et à un effet de flou conjugués en mouvement vers le haut. Monde post-apocalyptique ? Après les siècles nucléaires…